Quand sport et politique sont en compétition, ce sont les équipes nationales qui paient des pots qu’elles n’ont pas cassés. Cela, le Niger, le Mali et le Burkina Faso l’ont appris à leurs dépens. Ces trois pays s’étant retirés de la CEDEAO, peut-être provisoirement comme on le souhaite partout, leurs équipes nationales de lutte ne se sont pas déplacées au Nigeria pour la 13e édition du Tolac. Mais alors, un Tolac avec ou sans ces grands pays de lutte est-il le même ? C’est la question que nous avons posée à certains coaches ou DTN de la CEDEAO.
Bafa Guèye, coach du Sénégal
« Leur absence ne peut qu’influer sur le niveau technique général du Tournoi »
« L’absence du Niger, du Mali et du Burkina s’est fait véritablement ressentir dans le Tolac. Le Niger, par exemple, est un pays que le Sénégal a croisé maintes fois en finale. C’est un pays de lutte avec de grosses individualités dans toutes les catégories de poids. Le Burkina est en nette progression en lutte africaine. Il faisait souvent partie du carré d’as. Alors, leur absence ne peut qu’influer sur le niveau technique général du Tournoi. Ici à Abuja, les lutteurs sénégalais dans les catégories de 100 et 120 kilos n’ont pas tellement d’adversaires qui leur posent de gros problèmes. Même si la catégorie des 86 kilos semble très relevée en termes de niveau technique. En somme, l’absence de ces pays a quelque peu fragilisé le déroulement des compétitions. »
Zakari, DTN du Togo
« On n’a pas vécu des combats aussi techniques et intenses »
« Quand ces trois pays sont là, il y a plus d’ambiance fraternelle. Le vrai challenger du Sénégal c’est le Niger. On sent de vla combativité. L’absence de ces pays a eu un véritable impact sur le déroulement du tournoi. Mon souhait est que les négociations puissent aboutir. Et que, au moins sur le plan sportif, on revienne à la normale. On n’a pas vécu des combats aussi techniques et intenses. Au niveau de la réunion technique, on s’est retrouvé avec trois poules au lieu de quatre. »
Abdou Badji, ancien DTN du Sénégal
« Effectivement, l’absence des pays de l’AES a un grand impact sur ce tournoi »
« Effectivement, l’absence des pays de l’AES a un grand impact sur ce tournoi. Chaque fois, le Niger faisait toujours partie du trio de tête. Le Burkina est toujours parmi les quatre premiers du tournoi sauf ces dernières années où la Gambie lui a ravi la place. En individuel, le Burkina a toujours su placer un ou deux de ses athlètes en finale, tout comme le Mali qui a parfois placé un lutteur en finale dans une catégorie de poids. Le Nigeria, même avec seulement trois lutteurs, est sorti premier de sa poule. Heureusement que Badiel a réussi à maintenir les officiels de ces pays dans le tournoi. C’est pourquoi je n’ai pas compris la position de la Gambie qui titillait le Sénégal, le Nigeria et le Niger. »
CAKPO Amoussou Nicolas, DTN du Bénin
« Leur absence prive la compétition de rivaux de poids et de taille »
« L’absence de ces pays à ce tournoi a indéniablement eu un impact sur la compétition. Nous le constatons tous. Ces nations connues pour leur talent et leur riche histoire dans la lutte africaine auraient apporté une dynamique supplémentaire comme auparavant. Leur absence prive la compétition de rivaux de poids et de taille, notifiant ainsi l’équilibre des forces et donnant l’occasion à d’autres pays présents de se démarquer plus facilement. Cela montre l’importance de la participation de toutes les nations de la Région pour maintenir un niveau de compétition élevé et favoriser l’esprit d’unité et de la solidarité sportive au sein de la Communauté. Je crois bien qu’ils reviendront afin qu’il y ait plus d’enjeux. Que les Dieux d’Afrique nous accompagnent et qu’Allah nous ouvre les esprits pour que nous nous unissions plus davantage afin que la fête soit encore plus belle. »
Abou NDOUR, envoyé spécial à Abuja
